8. Huaraz-Quito - de la côte pacifique aux montagnes de l'Equateur

La Cordillère Blanche nous aura offert des conditions optimales pour gravir deux de ses multiples sommets. Nous avons été enchantés par notre séjour dans ses flancs et espérons pouvoir y revenir un jour pour tenter d’autres cimes. Après une dizaine de jours à la découverte de cette belle chaine de montagne, il est temps de remettre nos tenues de cyclistes. Nous disons donc “aurevoir” aux montagnes et empruntons la route qui va nous conduire jusqu’à la côte.

Pour rejoindre la ville de Trujillo, il nous faudra trois jours. La route caillouteuse à souhait s'enfile dans le vertigineux cañon del Pato et passe par d'interminables tunnels obscurs avant de rejoindre la panaméricaine. La piste est défoncée, le vent de face très fort. Le compteur affiche 8km/h en pleine descente, malgré tous nos efforts. Au fur et à mesure que nous perdons de l'altitude, la végétation disparaît et fait place à un grand désert.

Nous voici enfin sur la panaméricaine le long de la côte péruvienne. Ici rien ne pousse... à part des champs d'asperges (grâce à un "ingénieux système d'irrigation"). Ces cultures sont uniquement destinées à l'exportation (Europe et Etats-Unis). Nous avons cherché en vain ce délicieux légume sur les étalages des marchés locaux. Les péruviens nous expliquent que l'asperge ne se marie pas bien avec la cuisine traditionnelle et se trouve donc bannie de la consommation locale. Quelques dizaines de kilomètres plus loin, à Trujillo, nous nous arrêtons chez Lucho et sa famille, à la "casa de ciclistas" qui accueille depuis 20 ans tous les cyclistes de passage (nous sommes les 1514 et 1515èmes!). Entre 19h et 2h du matin, il n'y a pas d'eau courante à la maison. Ce liquide précieux est rationnné dans toute la ville, les horaires différant selon le quartier. Ceci est d'autant plus surprenant que les asperges semblent bénéficier d'eau en abondance à quelques kilomètres de là. Et voici encore une aberration de ce monde globalisé!

Après deux jours de repos à la “casa de ciclistas”, visites, réparation du tandem (la jante arrière a rendu l'âme), nous reprenons la route en direction du nord. Lucho, ancien coureur cycliste, nous accompagne durant deux jours, jusqu'à Chiclayo, notamment pour nous escorter dans le secteur de Paijan qui a mauvaise répution: depuis 20 ans, des moto-taxis suivent régulièrement des cyclistes pour les détrousser dans le désert quelques kilomètres plus loin. Récemment, les coupables d'une attaquee ont éte retrouvés et les affaires restituées au propriétaires après une forte action de Lucho auprès de la police locale. Deux jours après, les coupables étaient de nouveau libres et prêts à recommencer. Pas mal pour un village de 2’000 habitants où tout le monde se connaît!

Arrivés à Chiclayo, nous faisons nos adieux à Lucho et continuons par des contrées plus paisibles et monotones (désert du Sechura), seuls quelques arbustes et vautours rompent la solitude des lieux. Le désert fait ensuite place aux cocotiers vers Sullana. Le jus se boit à la paille, directement dans la noix. Juste avant de rejoindre le bord de mer, nous passons une soirée mémorable au poste de la "policia de carrateras" où Armando, le chef, nous apprendra à faire le ceviche. La route passe ensuite entre les champs de pétrole avant de longer la côte et ses plages de sable entre Mancora et Zorritos. Nous profitons d'une journée de repos bien méritée à Zorritos, en campant au bord de la plage dans un lieu tranquille et accueillant. Après un 9ème et dernier ceviche, nous passons la frontière pour entrer en Equateur.

Le décors change de nouveau totalement: en quelques kilomètres, nous nous retrouvons au milieu des plantations de bananes et d'une végétation luxuriante. L'air devient plus humide et plus lourd. Nous faisons la recontre de Christina, une Argentine partie de Mancora avec un vélo d'occasion qui tombe en ruines et qui prévoit d'aller jusqu'à Cartagene, puis de voyager encore deux ans. Nous passerons deux chouettes journés en sa compagnie. Nous effectuerons également une visite spontanée très intéressante dans une plantation de bananiers (voir les photos ci-dessous). Ici, les surfaces de plantations sont gigantesques et destinées uniquement à l'exportation. La récolte a lieu les douze mois de l'année et représente un marché énorme. Les ouvrier-e-s agricoles remplissent un container de bananes en une seule après-midi (depuis la récolte sur l'arbre jusqu'au container prêt à être acheminé au port!).


Après le plat depuis bientôt 1’000km, c'est le moment de reprendre de la hauteur. Et la reprise est plutôt brutale: 4’300m de montée en moins de 100km! Nous l'aurons vite compris, en Equateur, les montées ne sont pas "dissimulées". Nous passons par plusieurs villages assez vivants. Devant chaque boutique pend un cochon de lait, prêt à être découpé. Nous aurons mème droit à un morceau de peau pour le petit-déjeuner avant d'attaquer la montée! Après 3 jours d'efforts, nous arrivons à Riobamba, au pied du Chimborazo, le plus haut sommet du pays qui culmine à quelque 6’300m. Pas de chance, depuis quelques jours, le brouillard et les nuages sont bien installés, ce qui gâche bien la vue. Heureusement, en reprenant la route pour Quito, nous aurons la chance de l'apercevoir de tout près. Vers Latacunga, nous traverson le village apparament banal de Salcedo, qui s'avère être la capitale de la glace du même nom. Il y a à peu près autant de "heladerias" (marchands de glace) que d'habitants et nous ne nous gênons pas pour en profiter! Nous faisons encore une journée de visite vers la splendide lagune de Quilotoa, confinée dans un cratère volcanique. Au programme de la journée de “repos”: marche et traversée du lac en canöe. A Saquisili, nous croisons le premier tandem "debout-debout" du voyage, et passons la soirée à échanger nos expériences avec Erin et Alan, un couple nord-américain parti d'Alaska. Après la visite matinale du marché aux bestiaux de Saquisili, nous filons directement à Tumbaco (Quito), à la casa de ciclistas tenue par Santiago et sa famille. nous nous sommes sentis directement bien et "comme à la maison" dans cette famille si généreuse et amicale.

Nous y installons notre “camp de base” et décidons de partir un jour plus tard en direction du refuge du Cotopaxi, pour tenter l'ascencion de ce volcan mythique, encore en activité. Dans la cabane, nous faisons la connaissance avec le club andiniste de Quito, assistons à la donnée d'ordre et aux départs de 22h, 23h, 00h, 01h, avant que vienne enfin notre tour à 2h00 du matin. Inutile de dire que la nuit ne fut pas des plus reposantes, surtout lorsque les différentes équipes essaient leurs crampons et s'encordent dans le dortoir avant de partir! Après 3h30 de montée en slalomant entre les crevasses et murs de glace, nous sommes arrivés au sommet avec la première cordée, juste cinq minutes avant le lever du soleil. Malheureusement le cratère est rempli de nuages, mais la vue est magnifique sur les autres volcans qui émergent de la mer de brouillard. Durant la descente, nous sympathisons avec les pompiers de Cuenca en sortie de week-end. Cette joyeuse bande s’entraine pour les secours en montagne et  nous explique qu'ils  sont les pompiers les plus efficaces et  professionnels de tout l'Equateur.  Ils occuperaient également le deuxième rang  à l'échelle  sud-américaine des "meilleurs pompiers".

De retour à Tumbaco, nous décidons de faire une folie… et de nous offrir une escapade aux îles Galapagos. Durant 9 jours, nous avons marché au milieu des iguanes, roulé à vélo entre les tortues terrestres, observé les fous à pattes bleues danser, les pélicans pêcher, les albatros se pavanner, les hiboux nous faire les gros yeux... Nous avons passé autant de temps sous l'eau, à nager avec les tortues marines, les requins, les raies et les bébés loups de mer qui ne se lassaient pas de jouer avec nos palmes. Après un dernier spectacle de baleines-pilotes autour du bateau, vint le moment du retour à terre pour retrouver Santiago, le tandem et tous les cyclistes récemment arrivés à la casa de ciclistas. Encore quelques coups de pédales et nous passerons dans l'hémisphère nord, pour atteindre la Colombie que nous nous réjouissons comme des fous de découvrir.

Après le retour du Loup, voici le retour du Tigre en Valais. Qui sera le premier chasseur à l'abattre?
Pour nous, c'est le moment de quitter la "Suisse du Pérou".

Une succession de tunnels dans le cañon del Pato nous fera rejoindre petit à petit la côte





Nous empruntons, pour la première fois du voyage, la fameuse "Panaméricaine"

Et voici d'où viennent les asperges de la Migros...

Nous arrivons chez Lucho, à la casa de ciclistas de Trujillo



Plage de Huacachina


Les ruines de Chan-Chan

Magnifique spécimen du "chien péruvien sans poil", utilisé comme bouillote à des fins thérapeutiques (rhumatismes)

Pour passer le "guet-apens de Paijan" (village connu pour ses agressions violentes et récurentes contre les cyclo-touristes), Lucho nous escorte jusqu'à Chiclayo




Rencontre avec Françoise, une française médecin à la retraite, en route pour Ushuaïa toute seule



Nous passons la "nuit au poste" et apprenons à faire le ceviche avec Armando




Vue depuis la tente...il y a pire pour s'endormir

Après une journée de 151km à vélo, repos bien mérité





et nous quittons le pays des véritables descendants des authentiques incas...

En Equateur, tout est vert!




Exportation de bananes : de la récolte au container...



Amelita, 90 ans, et toujours là pour accueillir les cyclistes de passage dans son hotel


Nous passons au pied du Chimborazo



 Laguna de Quilotoa

Nous avons le lac pour nous tous seuls...

Rencontre entre deux tandems à Saquisili


Les cochons se vendent au prix fort...

...et finissent dans la casserole!




Ascension du Cotopaxi (5'897m)
C'est parti pour le Cotopaxi




Nous arrivons au sommet avec le soleil






Retour au refuge, avec les pompiers de Cuenca

Quito coloniale

Dans la basilique

A nous les Galapagos












 Et nous retrouvons Santiago et nos ami-e-s argentine, australiennes, allemands et anglais à la casa de ciclistas