6. D'Uyuni à Cusco - traversée de l'altiplano

Uyuni nous est apparue comme une petite ville sans beaucoup de charme et remplie de touristes. En attendant que son Salar (notre prochaine étape) sèche, nous avons donc décidé de quitter ces lieux pour faire un aller-retour en bus jusqu’à Potosi, une ville minière perchée à plus de 4’000 mètres d’altitude. Cinq kilomètres avant l’entrée en ville, notre bus fut bloqué par un immense camion parqué en travers de la route. Nous avons assez rapidement compris qu’il s’agissait d’une grève organisée par quelques groupes miniers. Nous avons donc, sous un soleil brûlant, terminé ce trajet à pied, jusqu’au moment où un gentil pick up eut pitié de nous.

La visite de Potosi nous a enchantés. Ce fut l’occasion de renouer avec la vie humaine et le confort urbain. Nous avons couru dans tous les sens comme des petits enfants découvrant impatiemment leurs cadeaux de Noël sous le sapin! Nous avons profité des bons légumes, des jus de fruits frais et de l’offre culturelle (et oui, il n’y a pas que l’estomac qui compte). Le point fort de ce séjour restera les discussions fort intéressantes que nous avons pu avoir avec un guide local organisant des visites dans les fameuses mines du “Cerro rico” qui dominent la ville et qui font la réputation de la région. Sa vision des travailleurs miniers nous a particulièrement touchée puisqu’elle ne s’est pas limitée à la seule dimension misérabiliste. Notre guide a bien pris le temps de contextualiser socialement et historiquement ce type de travail qui reste associé aux idées de prestige et de force aux yeux de nombreux Boliviens (le travail dans les mines témoigne en effet d’une excellente résistance physique et mentale et est de ce fait particulièrement respectée). Il a également évoqué le pouvoir politique de ces communautés qui ont réussi, par le passé, à renverser à plusieurs reprises des gouvernements. Enfin, il a bien insisté sur le fait que les travailleurs miniers ne constituent pas une catégorie homogène partageant forcément un destin commun. Pour rester schématique, les corporations sont constituées de trois niveaux hiérarchiques, chaque niveau effectuant des tâches bien précises et distinctes. Le troisième niveau s’en sort bien mieux économiquement que les deux autres. Après la visite du cloitre de Santa Teresa, une très belle demeure remplie d'histoire, nous avons quitté Potosi sous le signe des grèves généralisées, comme ce fut le cas à l’aller! 

De retour à Uyuni nous avons compris que la traversée du Salar resterait  fermée à cause des inondations. Nous avons tout de même roulé pendant 15 kilomètres sur cette étendue blanche et transparente. Juste le temps de remplir les jantes de sel et de constater que la traversée n’était en effet pas faisable comme nous l’avaient déjà répété des dizaines et des dizaines de boliviens…(et oui, nous sommes restés optimistes jusqu’au dernier moment). L’alternative au Salar pour continuer vers le nord fut une piste encore plus sableuse que celles du Lipez, ce qui veut dire de nombreux poussages au programme, avec notre (trop) fidèle vent de face. Heureusement, après plus de 560 kilomètres de pistes difficiles, le miracle tant attendu survint : de la route alsphaltée !! Tout à coup, malgré l’orage et la pluie torrentielle, notre tandem s’emballe. Nous volons comme des condors sur ces premiers kilomètres de bitume jusqu’au prochain village où nous passerons la nuit et où nous rencontrerons deux cyclo-voyageurs néo-zélandais avec qui nous partagerons un petit bout de route. La route Poopo-Ururo-La Paz nous a surtout appris à gérer les inconsciences des chauffeurs de bus et à lutter contre l’interminable vent de face.

Le moment inoubliable fut l’arrivée au bout du plateau de l’El Alto : après des centaines de kilomètres d’Altiplano, la route plonge soudainement 500 mètres plus bas dans la cuvette de la Paz. A peine arrivés au centre-ville, nous tombons sur un couple de français avec qui nous avions fait connaissance a Potosi, puis sur une famille de Vevey avec qui nous avions échangé quelques mots dans une station service en Argentine. Les français nous offrirent très gentillement un plan de ville que nous avons accepté avec grand plaisir puisque nous voyageons sans guide. Après quelques détours dans des bars pour fêter notre arrivée, nous nous sommes installés tout contents à la “maison des ciclistes de la Paz” où nous avons rencontré d’autres cyclo-voyageurs brésiliens, argentin et français. Christian, le propriétaire de notre nouveau point de chute, nous accueilla comme un chef et nous initia même au frisbee. En échange, nous avons travaillé quelques heures dans son cyber café et avons refait la peinture de l’étage inférieur de la maison.

Lors d’une soirée crêpes avec les autres ciclos, nous avons décidé de partir tous ensemble à vélo en direction de la fameuse “route de la mort”. Il s’agit d’une descente vertigineuse de plus de 3’000 mètres de dénivellé depuis les hauts de La Paz jusqu’à Coroico, porte d’entrée sur la jungle bolivienne. Sans jouer les prétentieux, cette route nous est apparue comme bien plus grandiose et magnifique que dangereuse… (en comparaison avec notre arrivée à La Paz au milieu de centaines de collectivos). En effet, depuis la construction de la nouvelle route, cette piste caillouteuse ne semble empruntée que par des touristes en manque de sensations fortes… Pour une fois, pas moyen de se faire écraser par des camions ou des autobus, le rêve, quoi!

Après ce petit séjour au milieu des bananiers, papayes, plantations de café, cascades et forêts verdoyantes, notre soif d’altitude reprit. Nous avons donc loué corde, crampons et piolets pour tenter l’ascension du Huayna Potosi, magnifique montagne de plus de 6’000 mètres à quelques kilomètres de La Paz. Parfaitement acclimatés grâce à notre traversée de l’Altiplano à vélo, nous sommes montés, (après une nuit sous tente à 5’100 m) comme des cabris jusqu’au sommet sans rien sentir de l’altitude. Quel bonheur de pouvoir faire un sommet dans de telles conditions!

Notre retour à la capitale fut assez mouvementé à cause des centaines de manifestants bloquant tout le centre-veille. Les différents corps de métiers de la fonction publique (enseignants, professionels de la santé, police, etc.) dénoncèrent la hausse généralisée des prix résultant de de l’augmentation du prix du pétrole décidée par le gouvernement en décembre 2010. La “maison des cyclistes” se situant juste à côté de l’Université, lieu de grandes révoltes, nous avons assisté, malgré nous, à des actes de violence insoutenables: les manifestants de battent violemment à coups de bâtons sous nos yeux, des bâtons de dynamites sont jetés et explosent dans tous le sens.. notamment dans notre jardin où quelques briques du muret volent en éclats. Après trois jours de grande agitation, le calme revint. Nous n’avons malheureusement pas réussi à savoir si les négociations avec le gouvernement ont abouti ou non.

Nous avons quitté la Paz avec pas mal de nostalgie mais aussi avec beaucoup d’impatience puisque la frontière Bolivie-Pérou ne se situe plus qu’à deux jours et demi de vélo. Jean-Christophe pourra donc enfin connaître le pays de sa belle-soeur Déborah et Catherine retrouver prochainement sa famille d’accueil AFS à Chincha. Nous avons donc roulé en direction du lac Titicaca en passant par Copacabana, Puno, Juliaca, pour ensuite quitter progressivement l’Altiplano et rejoindre enfin Cusco, l’ancienne capitale de l’empire incas. Pour ce dernier tronçon qui est passablement urbanisé, nous avons campé dans les villages sur les terrains de jeux, ce qui fut non seulement l’occasion de rencontrer les alcolos du coin mais aussi de sympathiques travailleurs municipaux et des enfants tout curieux!

Nous voici actuellement à Cusco où nous logeons dans un repaire à cyclistes et où nous prenons du bon temps avant de penser à la suite!

Le cerro Rico de Potosi avec ses mines



Le Salar est toujours immergé


Ici, tout est en sel

Belle route asphaltée, nous regrettons le Lipez...

Camping au milieu de nulle part

Il y a partout des champs de quinoa en fleur

Quelques minutes avant un terrible orage


A vélo, quelle que soit l'heure, on a toujours faim

Nos deux copines pendant une pause de midi

Nous cuisinons devant un petit magasin en attendant que le curé du village rentre, c'est lui qui nous hébergera ce soir





Carnaval de la Paz


soirée crêpes à la casa de ciclistas à la Paz

Journée de peinture à la casa de ciclistas à la Paz


Début de la descente de la "route de la mort" ou "paysage d'Uri" en compagnie de nos amis ciclos Alex, Kiko, Tiago et Casher

Changement de végétation au fur et à mesure de la descente

Après plus de 3'000 mètres de descente, il fait CHAUD, nous nous retrouvons au milieu des bananiers, perroquets, plantations de café

Nids d'oiseaux bizarres

Retour en altitude avec le Huayna Potosi (6088 mètres)


En route pour le camp de base, nous partons "léger"


Magnifique lever de soleil qui se prépare

Arête sommitale

Parcours splendide au milieu des crevasses



Nous atteignons le sommet en même temps que le soleil, moment de pur bonheur! 

Retour au camp de base pour démonter la tente et ranger nos affaires

Nous repartons avec le tandem en direction du lac Titicaca, l'occasion de rencontrer des petites bêtes tranquiles le long du chemin


Camping sur la place de jeux d'un petit village bien chaleureux


Au-dessus du lac Titicaca


Le tandem, une histoire à succès

Journée de repos sur l'íle du Soleil 




Impossible de débarquer sur l'ile sans payer le droit d'entrée 



Copacabana


Passage de frontière entre la Bolivie et le Pérou


Mobilité douce

Journée de lessive (mais pas la notre, ça passerait pas dans nos sacoches)

Nous attendons que les travailleurs municipaux terminent leur partie de foot pour installer notre campement



Petit séance de jaccuzzi avant d'atteindre Cusco


Panneau qui donne le vertige



Procession pascale devant la cathédrale de Cusco