7. Cusco-Huaraz - traversée des Andes péruviennes

Nous avons, d'abord, passé quelques jours de repos bien chouettes à l'hostal "La Estrellita" de Cusco, notamment grâce à l'accueil chaleureux de Ruben et Francesco (merci Michel de nous avoir donné l'adresse de ce lieu de rencontre des cyclistes de passage). Ensuite, Pendant que Cat profitait du confort urbain, JC a repris le tandem pour rouler en direction de la vallée sacrée et du Machu Picchu avec Johann rencontré à Cusco (en séjour au Pérou pour sa thèse). Au programme, un col à 4300m, et une descente de 3000m jusque dans la jungle avant d'arriver au célèbre site du Machu Picchu.

C'est aussi à Cusco que nous avons enfin compris plus précisément ce que signifiaient les "K" oranges et les "O" rouges peints sur tous les murs depuis notre arrivée au Pérou. Nous sommes en effet à quelques semaines du deuxième tour des élections présidentielles, avec un choix difficile entre la populiste Keiko Fujimori (fille du fameux Alberto Fujimori ancien président péruvien, actuellemet détenu au Chili pour les affaires de corruption durant son mandat) et le "commandante" Ollanta Humala (ancien dirigeant de l'armée durant la période de lutte contre le sentier lumineux, nationaliste et proche ami de Hugo Chavez). Tous deux promettent de créer des milliers d'emplois (sans dire comment), de lutter contre les narco-trafiquants et la corruption (sans dire comment), d'offrir des repas gratuits dans les écoles et de rendre accessible les soins médicaux même dans les villages les plus reculés (sans dire comment). Dans les débats, chacun se plait à mettre l'accent sur les scandales du passé de l'adversaire, scandales susceptibles de mettre en péril l'état démocratique péruvien. Pour nous, ce duel K/O ressemble davantage à un combat de boxe, avec pour seul issue un vainqueur par chaos.
Aux dernières nouvelles, le résultat des élections fut le suivant (6 juin): Ollanta vainqueur par 51.5%

De Cusco à Huaraz, deux options se présentaient à nous:
- la variante "Weibel - Cauderay" avec globalement 4000m de descente en direction de la côte péruvienne, sur une magnifique route asphaltée longeant ensuite tout le littoral, mais avec des paysages parfois monotones et une traversée terrifiante de la métropole de Lima.
- la variante "Los Topios - Bauer", par les montagnes, avec 1500km dont une bonne partie de pistes défoncées voir coupées suite aux innondations, une quinzaine de cols cumulant 20'000m de dénivellation positive, mais avec des paysages aussi variés que magnifiques ainsi qu'une circulation presque inexistante.
Nous vous laissons deviner la variante choisie...

Ces quelques semaines de montagnes péruviennes (qui s'apparentaient plus à des montagnes russes... pour le profil détaillé, cliquez ici) nous ont beaucoup marqué, tant au niveau des décors que des multiples rencontres. Nous avons oscillé entre cols et hauts plateaux arides et austères à 4000m et vallées verdoyantes et tropicales, 2000m plus bas, où nous pouvions acheter de délicieux fruits fraichement cueillis au bord de la route (mangues, papayes, mandarines, avocats...). A chaque fois que nous passions en dessous de 2600m, nous nous sommes aussi fait dévorer par de charmantes mouches pires que tous les moustiques rencontrés jusque là.

Notre arrivée à Abancay coïncida avec l'anniversaire de la ville et ses festivités (danses folkloriques, concerts,...). A peine sortis de notre petite auberge, une équipe de gais lurons nous invita à partager la bière à la péruvienne (une bouteille et un seul verre pour tous qui passent de main en main).

Selon les infos recueillies auprès de Baptiste et Matthieu (deux cyclos français croisés à Cusco), nous savions que le pont franchissant le rio Pampas avait été emporté quelques semaines auparavant par les intempéries. Heureusement pour nous, le sens du commerce péruvien permit de trouver rapidement une solution grâce au service de pirogue privée. Nous avons donc traversé le rio au milieu d'une cargaison de courges.

Pour rejoindre Ayacucho, il a encore fallu remonter près de 2500m pour ensuite traverser la puna (plaine déserte) sur 50 km. La journée fut longue depuis le dernier village, nous obligeant à passer la nuit sur la puna réputée dangereuse en raison des attaques régulières sur ce tronçon. Tout comme "les topios" 10 ans auparavant, nous avons par chance rencontré une équipe de chantier et avons pu profiter de dormir sur le site gardé par deux sécuritas pendant la nuit. Notre sommeil n'a été troublé que par les ronflements des deux vigiles apparemment pas trop inquiets au sujet des agressions!

Ayacucho est une sympathique ville avec une belle architecture coloniale. Cette ville est connue également comme le lieu d'émergence du sentier lumineux dans les années 1980. Depuis là, nous avons fait un aller-retour en bus vers la côte afin de rendre visite à la famille d'accueil AFS de Cat à Chincha. Après quelques kilomètres, une des TV du bus a surchauffé et a commencé à prendre feu. Un peu plus loin, nous avons croisé un véhicule de la même compagnie retourné au bord de la route. C'est sûr, on préfère le vélo!

Les retouvailles avec les familles de Rosa et de Pepe et avec les anciennes collègues de travail de Cat furent remplies d'émotion. Notre séjour à Chincha fut aussi l'occasion de reprendre des forces en dégustant une riche palette de plats régionaux et nationaux: arroz con pato, papas a la Huancayna, ceviche, carapulcra, causa rellena, picarones... sans parler des breuvages comme la chicha morada et l'acachina. La cuisine péruvienne, on adore! La ville de Chincha est encore marquée par les stigmates du fort tremblement de terre d'août 2007. De nombreuses familles vivent encore en partie sous des tentes de l'aide internationale, le temps de reconstruire petit à petit leur maison en matériaux plus solides. Cet événement a affecté, d'une manière ou d'une autre, toute la population, mais a également permis de créer de nouvelles structures (Université et Hôpital tout neufs). Après une baignade dans le Pacifique, une nuit de fête et de danse à la disco Skorpia, la visite de la maison du célèbre violoniste afro-péruvien Amador Ballumbrosio, le tour classique des lignes de Nazca et des tombeaux de Chauchilla, vint le moment des adieux. Nous avons joué les prolongations puisque la Panaméricaine a été bloquée pendant deux jours par les cultivateurs de la région protestant contre la chute du prix du coton (qui a été divisé par trois en un mois).

De retour à Ayacucho, nous avons poursuivi en tandem vers le nord en direction de Huancayo et Huanuco. De nombreux éboulements et un deuxième pont cassé nous rappelèrent les conséquences de la saison des pluies particulièrement forte cette année. Certains habitants, fatalistes, y voient une punition divine. Nous avons fait de nombreuses rencontres, notre tandem suscitant une curiosité certaine autant chez les plus petits que chez les plus grands. Nous nous sommes fait plusieurs fois inviter à partager des repas et on nous a même proposé à deux reprises d'embarquer un enfant avec nous. En effet, dans ces régions agricoles et pastorales, la vie est difficile, notamment pour les familles nombreuses. Un moment fort fut la visite du "bosque de piedras" (merci encore Michel pour les infos), un ensemble de blocs de pierres dressés au milieu d'une montagne verdoyante, sur plus de 6000 hectares.

Avant d'arriver à Huaraz, nous avons encore du franchir un col à la hauteur du Mont-Blanc. En raison de la tempête, nous avons planté la tente sous la neige, juste avant de passer le col. Pas de chance, notre réchaud MSR qui peinait depuis quelques temps déjà a choisi ce moment pour rendre l'âme, nous obligeant à manger froid.

La route de Cusco à Huaraz aura été très exigeante pour le matériel: porte bagages avant en morceaux, plaquettes de freins usées à vitesse grand V, rayons cassant les uns après les autres sur la roue arrière, nombreuses coupures sur les flancs de pneus à cause de cailloux acérés (merci Dom pour le super conseil des patchs en kevlar qui nous ont permis de faire des réparations de fortune!). De quoi s'occuper le soir avant de se coucher!

Enfin, l'arrivée à Huaraz, décrite comme la Suisse péruvienne, nous a permis de fêter une belle étape du voyage en mangeant une délicieuse fondue "chez Patrick". Après une journée de repos et de préparatifs, nous sommes partis pour trois jours de trek dans la région du Santa Cruz pour cotoyer la face sud de l'Alpamayo, dans une vallée splendide. Le retour à Huaraz sur le pont d'un camion fut également spectaculaire, en passant un col à 4700m faisant face au Huascaran, la montagne la plus élevée du Pérou.

Après deux jours de repos à Huaraz, nous sommes repartis 4 jours en montagne pour gravir le Tocllaraju (6032m) dans la vallée de l'Ishinca. Nous avons commencé par une journée de marche d'approche avec des mules. Après une deuxième journée consacrée à l'ascension de l'Urus (5420m), nous sommes partis pour le camp d'altitude du Tocllaraju et avons fait le sommet le dernier jour. Les conditions étaient parfaites et la météo idéale, avec une vue sur toute la Cordillera Blanca!

Nous avons rangé le matériel de montagne et prenons maintenant la route en direction de Trujillo dans des contrées un peu plus plates.


 Cusco, ancienne capitale de l'empire inca

Les salines de la Vallée Sacrée 


Ollantaytambo



Pas besoin de sous-titres


Keiko qui pose avec son père sur les affiches de sa campagne présidentielle

Et maintenant, son adversaire Ollanta

Départ de la Estrellita, nous posons avec Francisco, le propriétaire de l'auberge

Et à nous, les montagnes péruviennes! 



Les autobus roulent dangeureusement... (2600 morts par année sur les routes au Pérou)

Festivités à Abancay


Nous nous faisons dévorer par d'infatigables mouches 

Et encore un sacré col de fait !



Plus nous descendons, plus la végétation est dense et la route boueuse

Traversée du rio Pampas

Et c'est reparti pour une grosse montée...

Nous nous faisons chaleureusement accueillir par une équipe de chantier dans la puna, au milieu de nulle part

Les travailleurs prient ensemble quelques minutes chaque matin, avant de démarrer les machines


Arrivée à Ayacucho 

Coucher de soleil à Chincha, berceau de l'art afro-péruvien 

Retrouvailles avec la famille AFS, les amis et les anciennes collègues de travail de Cat

Cueillette de fruits avec Fabiana au jardin potager du papa de Rosa

Dégustation de l'acachina fait maison du papa de Rosa sous l'oeil envieux de Nicolas

Nous ne mangeons pas que du poulet au Pérou (mais aussi du poisson cru - en haut à droite - et du canard - en bas à gauche)

Eglise de Tambo de Mora endommagée par le tremblement de terre de 2007

L'hôpital tout neuf

Baignade dans le Pacifique

La grande ambiance au Skorpia 

Survol des lignes

cimetière de Chauchilla (civilisation Nazca 200-700 AD). Les longs cheveux sont signes d'un statut social élevé...


Récolte du coton...avant la révolte.

Ischigualasto version panaméricaine, ¡ no hay pase! 


Nous suivons la vallée Montaro

Nous partageons notre petit déjeuner avec Lady


La saison des pluies a fait de sacrés dégâts

Nous prenons plaisir à caresser certaines petites bêtes...

... mais d'autres font moins envie !


Cherchez le vélo




Gare aux croisements !


Nous dégustons l'avocat du jardin des parents de Rosa

Pas beaucoup d'eau chaude dans les villages traversés... mais nous nous rattrapons dans les sources thermales


Scories vers les usines minières de la Oroya

Bosque de piedras


Wendy nous prépare un jus de maca (variété de patate typique de la région de Junin)

Utilisation abusive du panneau de signalisation



Réparation de fortune du porte-bagage qui laisse songeur

Silviana nous propose un hébergement au milieu des sacs de farine et de patates

Silvana et famille

Les enfants nous encouragent à la montée, même la pluie de les arrête pas!



Enfants très attachants à Tingo Chico




Campement à 4700m avant le col et la redescente sur Huaraz

Nous aimerions aussi avoir toute cette laine quand il fait froid

Les Puya Raimondi, fleurs majestueuses




Nous atteignons enfin Huaraz et sa somptueuse Cordillère blanche


Nous ne résistons pas à une bonne fondue pour fêter notre arrivée 

A peine arrivés, nous partons en trek pour trois jours

Nous faisons un détour par le camp de base de l'Alpamayo pour voir de près cette belle montagne

Chacraraju







4 jours en montagne pour gravir le Tocllaraju (6032m)

merci les mules pour l'approche!

 Cat au sommet de l'Urus (5420m)

 Nous nous transformons en mules pour monter au Tocllaraju (en toile de fond)

 et nous avons droit à un magnifique lever de soleil


Attention aux crevasses!

Sommet du Tocllaraju (6032m). Vivent les casques de vélo!

 Le panorama est à la hauteur!

Retour en "plaine" en fin de journée